Cette année, j’ai manqué le débat des chefs à la télévision. Débat que j’essaie de ne jamais rater. Il paraît que, cette année, les côtes d,écoutes ont été moindres. C’est que j’assistais à la première d’Oscar et la dame rose, pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, m ettant en vedette Rita Lafontaine. Je ne me suis pas ennuyé une minute durant l’heure et demie et quelques poussières qu’aura duré la pièce!

Offerte dans le cadre du centenaire de l’hôpital Ste-Justine, afin de remercier tous les bénévoles qui accompagnent les enfants dans la maladie, et souvent dans la mort, on ne pouvait choisir meilleure œuvre!

Il s’agit de l’histoire d’Oscar, un jeune garçon atteint de leucémie, que tous les traitements médicaux ne pourront sauver. Ce dernier se sait condamné et sent les regards de son entourage changer, il sent la peur des autres face à la mort. De tous, sauf d’une bénévole : Mamie Rose. Cette dernière proposera à Oscar de développer une foi personnelle, toute simple et toute belle. De plus, elle formule un pacte : Oscar doit vivre ses derniers jours comme si chacun d’eux comptaient pour dix ans. Ainsi l’enfant vivra son enfance, son adolescence, sa vie d’adulte, son démon du midi et sa vieillesse.

Le sujet aurait pu être très lourd et la pièce aurait pu être souffreteuse, cependant le ton que Schmitt a donné à sa pièce fait qu’elle ne sombre jamais dans le mélo. Oscar a quelques bonnes répliques alimentées par sa vision enfantine des choses « d’adulte ». Mamie Rose, elle, s’invente une vie d’ex-lutteuse et raconte ses anciens combats (qu’elle a tous gagnés) contre des adversaires au noms tout aussi drôles les uns que les autres.

Toute l’histoire se déroule sur une scène assez nue. Un plan incliné sur lequel on a jeté un drap, surmonté de deux oreillers fait office de lit. L’arrière de la scène est occupé par un immense écran géant sur lequel on projette quelques éléments de décor. Malheureusement, certaines de ses projections sont animées, parfois dérangeantes et parfois très laide (je n’ai jamais vu une représentation de promenade dans un jardin aussi laide… mais rassurez-vous ça ne dure que quelques minutes.)

Rita Lafontaine, malgré un trac évident qui a paru lors des trois premières répliques, avait la lourde tâche d’incarner Oscar et Mamie Rose. Cette convention théâtrale est assez difficile à intégrer dès le début. Il faut être très attentif pour ne pas carrément perdre le fil et savoir démêler qui dit quoi! Personnellement, je crois que la comédienne a relevé le défi. Mon copain a trouvé sa mamie Rose un peu trop détachée par rapport au drame qui se déroulait devant elle. J’ai lu cela aussi dans quelques critiques des journaux. Je ne suis pas nécessairement d’accord puisque le personnage vit les choses autrement que le « O mon Dieu cossez que j’vas faire! », Mamie Rose est à un autre niveau… De plus il ne faut pas oublier que ce n’est probablement pas le premier enfant qu’elle voit mourir. En gardant cela en tête, je crois que la Mamie Rose de Rita Lafontaine est tout à fait juste. Bref, ce n’est pas à Mamie Rose de pleureur comme une vache espagnole sur la scène, c’est au spectateur qui s’émeut de la beauté de la vision que le personnage a par rapport à la mort, même celle d’un enfant.

D’ailleurs, lorsque les lumières se sont rallumées, c’est un foule de visages bariolés de larmes qui ont ovationnée l’actrice. Mme Lafontaine après quelques révérences a tenu à inviter l’auteur de la pièce sur scène en nous spécifiant qu’ : « au Québec, on ne fait jamais rien comme ailleurs! » Éric-Émannuel Schmitt l’a prise dans ses bras, est passé derrière elle, lui a pris les bras et les a levé dans les airs en signe de victoire. Probablement le plus beau match de lutte que Mamie Rose aura gagné!

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