Le 11 septembre, j'étais...

Le 11 septembre, j'étais...

Je me rappelle d’une réunion. Je travaillais à la Caisse de Dépot et Placement du Québec. On devait faire une migration de serveur. Une autre réunion planifiée à neuf heures. Je suis à mon cubicule, une rumeur vient à moi. Je sens les gens nerveux autour de moi. Je vais voir un petit attroupement, on me dit qu’un avion a eu un accident, il s’est écrasé sur le WTC.

Plusieurs questions se posent. Un accident? C’est digne d’un scénario de film. Une attaque? Faut être vraiment précis pour viser une tour. Un canular? Boum, un deuxième avion. Ça y est, c’est le début d’une nouvelle guerre.

On va quand même en réunion, avec un peu de retard. On discute évidemment de la situation. Faut-il évacuer les bureaux? Nos collègues tentent de contacter certaines connaissances à New York. Sans résultat. Nos lignes téléphoniques commencent à saturer. On a de moins en moins de contact avec l’extérieur. Des rumeurs d’attaque de la tour Ville-Marie commencent à arriver. Si Montréal est attaqué, où va-t-on? Rive-Sud ou Rive-Nord?

À dix heures trente, je quitte le bureau. Fuck la Caisse. Francis est à la maison, seul. Je ne veux pas qu’il panique. Ses parents, en visite au Québec, sont à ce moment au Mont Tremblant. Ils nous contactent par téléphone en début d’après-midi, les musulmans n’ont pas encore attaqué le nord!

Aujourd’hui, j’ai encore mal. New York a toujours exercé sur moi une véritable fascination. Plus jeune, je me disais qu’un jour, je travaillerais sois à Paris ou sois à New York. Le premier l’a emporté. Reste que c’est une ville que j’aime. Et comme toute chose, je ne veux pas que l’on brise ce que j’aime.

Plusieurs questions sont encore sans réponses. Plusieurs mensonges nous ont été racontés. Nous ne connaîtrons jamais la vérité. La seule certitude que l’on a c’est que New York a été blessé. Elle en porte encore la cicatrice. Et je porte aussi cette cicatrice, en moi, dans mon coeur.