Cours de défense contre les forces du Mal. (Partie 1)

Cours de défense contre les forces du Mal.  (Partie 1)

Il y a à peu près un an de ceci, je me suis retrouvé dans une conférence portant sur l’homosexualité. Comme je travaille en paroisse et que je dois concocter un feuillet paroissial à chaque semaine, je reçois souvent des petites annonces à inclure dans le feuillet pour en informer les paroissiens. La paroisse Marie-Reine-des-Cœur, près d’où j’habite, tiens souvent des petites conférences sur divers sujet. Souvent, il s’agit de sujets religieux mais dans l’annonce que j’ai reçue, on parlait d’homosexualité. J’aurais bien aimé pouvoir publier l’annonce que j’avais reçue pour mon bulletin mais cette dernière était rédigée de manière tellement bizarre. On y parlait de déviance, de perversion. J’aurais aussi aimé vous la reproduire en intégralité sur le site. Malheureusement pour vous, elle a pris le chemin qui lui était destiné, celui de la poubelle. Bref, c’est avec ces mots (ces mots qui me parlaient de moi ?), ces interrogations face à ce que je lisais, que je me suis rendu à ladite conférence.

Celle-ci était donnée par un monsieur Michel Lizotte, qui a écrit une thèse sur le sujet de l’homosexualité. M.Lizotte est aussi impliqué dans le mouvement Équité-Famille dont je vous parlerai plus loin.

La conférence.

Lorsque je suis arrivé à la salle paroissiale, on m’a tendu un dépliant résumant le contenu de la conférence. En lisant ce texte, je me suis rendu compte d’un certain clivage dans le propos. Les mots choisis étaient beaucoup moins confrontant, mieux choisis. Cela était en totale discordance avec l’annonce que j’avais reçue.

J’ai appris beaucoup de choses sur moi durant cette conférence. En autre, j’ai su que j’avais fait un choix et que j’avais décidé moi-même d’être homosexuel et que si je ne m’en rappelais pas clairement, c’était sans doute que j’avais subi un traumatisme durant mon enfance. D’ailleurs sur ce point, M. Lizotte, qui utilise des métaphores aussi souvent que possible, avait dit que choisir d’être homosexuel, c’était de faire un mauvais choix de vie, tout comme une personne qui exerce un choix alimentaire. Entre le beigne et le yogourt aux pruneaux en guise de dessert, ne veut-il mieux pas choisir celui qui favorise le transit intestinal et qui contient les meilleurs ingrédients pour la santé? Bien que, avec une autre participante, j’ai fait entendre mon désaccord en ce qui concerne la théorie du « choix ». Bien qu’elle et moi avons parlé d’amour. Bien que nous ayons parlé du fait que le Christ a véhiculé un message d’amour et d’inclusion. Nous avons eu l’impression que nos paroles ont eu l’effet de l’eau sur le dos d’un canard. Bref, il n’y avait pas place à la vraie communication, celle où on sent qu’il y a un échange de part et d’autre. Probablement parce que les deux côtés se cantonnaient dans leur propre vérité en dehors de laquelle il n’y avait pas de salut ! J’ai franchement eu l’impression que M. Lizotte s’attendait à se faire fustiger à se faire traiter d’homophobe.

Je n’ai surtout pas voulu lui donné ce plaisir. Pourquoi ? Parce que les propos de M. Lizotte n’avaient rien d’homophobes en soi. Ils étaient le fruit d’une pensée mal conçue, basée sur la loi naturelle, mélangés à quelques principes de psychologie (d’ailleurs, à ce sujet, la psychologie se fout bien de la loi naturelle). Ça nous donne un salmigondis de propos qui pris à part forment un discours qui n’est pas nécessairement pour l’état d’homosexualité. Puisque la question de « choix » qui a été invoquée plus tôt, est très importante dans la pensée de M. Lizotte. Bref, je ne connais pas beaucoup de gens homosexuels de mon entourage qui ont exercé le choix conscient de devenir homosexuel. Je connais des gens qui sont fiers de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont accompli parcequ’ils ont décidé de vivre différemment. D’ailleurs, M. Lizotte parle d’une psychologue du côté de Québec qui aurait réussi à guérir plusieurs patients e leur homosexualité. Cette nouvelle avait fait les manchettes dans les années 90, la situation avait fait quelques remous, aujourd’hui, on n’en parle plus.

À la fin d’une conférence où j’étais passé d’apories en apories, je me suis dit que j’allais faire un choix. Le même choix alimentaire proposé par M. Lizotte. Un choix judicieux. Essayer d’oublier… prendre beaucoup de yogourt aux pruneaux afin d’éliminer tout ce que j’avais entendu. Lorsque j’ai demandé d’où venait la petite pub que j’avais reçue pour mon feuillet paroissial, on m’a tout simplement répondu qu’il s’agissait d’une première ébauche de publicité qui n’avait pas été approuvée et qui s’était malencontreusement retrouvé dans toutes les enveloppes de publicités envoyées aux paroisses.

Bref, je me serais cru dans une conférence de fanatistes évangélique en plein coeur du « Bible Belt » américain. Je me suis dit que c’est sûrement un mode de pensée comme celui-ci qui amenait tellement de gens à penser l’homosexualité comme un péché et non comme une façon humaine de vivre sa vie et de se sentir en accord avec avec sa propre nature. Il était clair que j’étais contre-nature, que je cédais à des pulsions malsaines pour moi et pour la société dans laquelle je vivais. Comme vous le voyez, malgré tout mon bon vouloir, je n’ai jamais réussi à oublier.