Deuxième album pour cette toulousaine d’origine. On risque d’en entendre parler de plus en plus, surtout qu’elle a été la récipiendaire du prix Félix-Leclerc cette année aux Francoflies de Montréal.

La première fois que j’ai entendu Agnès Bihl, c’est une une bizarre de compil intitulée « Chansons du bord du zinc 2 » qui réunissait des artistes français et québécois. Agnès Bihl y interprétait « L’enceinte vierge », chanson dénonçant l’hypocrisie du clergé, sa manière d’établir des règles de conduites qui vont à l’encontre de la vie. Bref la madame est en câlisse et ça fait du bien à entendre. Ce titre est paru dans une deuxième version musicalement moins bonne sur le premier album intitulé « La terre et blonde » voici ce qu’elle en dit :

« Oh dis monsieur qu’est-ce qui s’pass’rait Si la Sainte Vierge, elle avortait ? »

Ca, c’est la première chanson que j’ai gardée ; à l’époque, je pensais que j’avais poussé une gueulante un peu vieillotte et dépassée… mais aujourd’hui, signal d’alarme, elle redevient carrément d’actualité… J’aurais préféré le contraire…

« Ceux qui ont de la moralité Montent des gangs, des commandos, Pour faire naître ceux qu’ils vont taxer Plus tard, d’être des enfants d’salauds »

Comme j’aimais beaucoup son « Enceinte vierge », j’ai voulu en savoir plus sur la dame et j’ai fait venir l’album de la FNAC. Bonne nouvelle pour tout le monde, il est introuvable aujourd’hui ! C’est de la chanson française dans ce qu’elle a de plus franchouillard. Ton haut perché, accordéons, argot extrême… bref, ce n’est pas pour rien si on a beaucoup comparé Agnès Bihl à Renaud.

Sur « Merci papa, merci maman » la chanteuse continue son exploration de thèmes assez sérieux. La pièce tire parle de l’enfance malmenée à travers la planète

Les hommes naissent libres et égaux En droit, mais ça dépend du lieu Soit t’es OK, soit t’es KO Soit tu meurs bien, soit tu l’vis mieux… C’est bien ! C’est bien la raison du plus fort Encore et toujours la meilleure C’est rien, la raison du plus mort Ca donne raison aux dictateurs C’est rien…

C’est comme ça et pas autrement Merci papa, merci maman Des millions d’gosses mangent de la viande Juste quand ils se mordent la langue… C’est bien, c’est rien…

Le thème de l’enfance est central dans cet album, que ce soit les souvenirs d’enfance avec « Papa dimanche », le passage de l’enfance à l’adolescence avec « 13ans » où on décrit une ado-type dans le style de l’Aggripine de Bretecher. La vieillesse y est aussi abordée sur « Madame ». Il y a tout de même un espèce de clivage entre le chansons de l’album et c’est bienvenu parce que certaines d’entre elle sont assez lourdes niveau texte. Certaines pièces sont carrément drolatiques comme « À ton mariage », « Méchante » et « Solitude » qui raconte l’histoire d’une échelle fatiguée de se faire monter dessus sans jamais se faire trouver belle. Bihl reprend aussi « La complainte des filles de joie » classique de Brassens et Dieu merci, la chanson n’est pas tronquée comme sur l’album hommage « Les oiseaux de passage »

Il y a fort à parier que nous allons entendre parler d’elle lors des prochaines Francofolies de Montréal l’été prochain. En attendant si vous voulez entendre quelques extraits, le nouveau site d’Agnès est maintenant en ligne et très bien fait au http://www.agnes-bihl.com

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