Bret Easton Ellis « Lunar Park »
Nous y voilà! Les premières lectures de la rentrée 2005. Et, le moins que je puisse dire, c’est que ça commence sur les chapeaux de roues!
Sacrées années 80… Bret Easton Ellis est tout sauf un de ces écrivains américains verbeux vivant encore sur un fulgurant moment de gloire passé.
Le monsieur se permet le luxe d’un come-back totalement réussi (« Zombies « et « Glamorama » n’étaient pas vraiment du même calibre que le reste de son œuvre) et carrément transcendé (« Lunar Pak » ne serait-il pas son meilleur roman?).
Louons le Seigneur, tout est pardonné, le monsieur retrouve dans « Lunar Park » ce qui nous excite tant chez lui : cette impression de vitesse et d’accélération permanente, ce style éclaté, morcelé, très travaillé mais jamais à l’excès (« ça glisse »… Le degré de pénétration dans nos cervelles est excellent, ça fait mal sans être douloureux).
Et cette violence. Débridée, délicieusement gratuite, libératrice.
Comme avec « American Psycho » et « Moins Que Zéro » c’est à travers elle que BEE nous expose froidement les ravages effectués par le politiquement correct sur la société américaine (et par extension sur la nôtre).
La mise à plat est brillante, il déconstruit les malaises (illusoires) et les (fausses) inquiétudes d’une décennie de total n’importe quoi (ça ne va pas bien? Vite du Ritalin!!)
C’est d’une ironie ô combien brillante que de donner le don de lucidité à un personnage irrémédiablement fucké jusqu’à l’os : drogué, alcoolique et suprêmement égoïste, le Bret de « Lunar Park » semble tout droit sorti d’une autre époque, avant les anti-dépresseurs pour chiens, les Café Mocha Frappuccino® allégés et les carrés VIP dans les garderies.
Notre société a de moins en moins de sens? Ok, mais à quoi bon chercher à la comprendre? Paternité, amour, orientation sexuelle, peur de vieillir, tout y passe.
La perte de sens exhale nos sens semble dire Bret (oui mais quel Bret? Ils sont au moins trois!)
Le mieux qu’il nous reste à faire est quand même de nous saouler la gueule. À savourer, donc, en buvant trop de vodka et en écoutant un vieux Bananarama.
Sortie courant octobre.
À venir : Michel Houellebecq, Pamela Anderson et Philippe Claudel