Jeanne-Mance Cormier est une chanteuse indépendante née à Mont-Joli le 24 mars 1952. Mme Cormier est née avec un handicap, elle ne mesure que 18 pouces (45,72 cm). À sa naissance, les médecins ont de gros doute sur la viabilité de l’enfant. Néanmoins sa mère décidera de l’élever comme une enfant normale et de l’épauler dans l’apprentissage d’une certaine autonomie.

Refusée à l’école primaire à cause de son handicap physique, elle dut apprendre à lire et à écrire à la maison.

À l’âge de neuf ans, Jeanne-Mance perd sa mère, terrassée par un cancer du poumon. Devant l’incapacité d’un père souffrant d’alcoolisme et malgré le fait que sa sœur Yolande ait quitté l’école pour tenir maison, les enfants Cormier ont dû être placés par l’assistance sociale chez une tante du côté maternel. Après un an, l’assistance sociale les enverra dans un foyer d’accueil tenu par Oscar et Valentine Morneau, un couple de Rimouski.

Depuis toute jeune, Jeanne-Mance Cormier caresse le rêve de devenir chanteuse. Sa mère, lorsqu’elle faisait les courses, la laissait chanter sur le comptoir du magasin général et c’est à cet endroit qu’elle connut son premier public qui la payait en bonbons, boisson gazeuse, chocolats et petite monnaie.

Les Morneau feront participer la jeune Jeanne-Mance à un concours de chanson parrainé par la station de radio de Rimouski. Jeanne-Mance chanta de tout son cœur malgré un trac fou, installée sur une petite table elle chanta « Trois petit coups » popularisée par Johnny Farago devant une sale ébahie puis conquise. C’est avec l’insistance de M. Jean Brisson, un animateur vedette de la radio de Rimouski, que Jeanne-Mance Cormier commença à participer à plusieurs événements musicaux.

Après quelques déboires pécuniers avec le bien-être social qui l’empêche de se produire en spectacle, Jeanne-Mance Cormier suit ses premiers cours de guitare et apprend le solfège. Son apprentissage est fulgurant, il est sûr que l’élève avait décidé de mettre tout son temps et son cœur dans cette nouvelle passion!

À l’âge de 21 ans, elle décide de reprendre le chemin des concours musicaux. Les engagements se succèdent et ce, aux quatre coins de la Province. Jeanne-Mance devient autonome financièrement et n’a plus besoin du Bien-être social. Cependant, les Morneau, qui l’accompagnent dans tous ces projets, commencent à être fatigués de ce rythme de vie à cause de leur âge.

Jeanne-Mance s’associe désormais avec une guitariste qu’elle avait connue lors d’un engagement. La situation est pratique, cette femme et une autre amie la véhicule pour les différents engagements. Mais les contrats sont beaucoup moins payants qu’avant et surtout moins nombreux. Jeanne-Mance décidera d’aller recruter une connaissance à elle. Cette femme, trop prise par son nouveau mariage, ne peut accompagner Jeanne-Mance dans toute la province. Cependant, son frère Mario vient de perdre son emploi au moulin à bois et décide d’aider la jeune artiste. La guitariste décide d’abandonner la chanteuse. Jeanne-Mance apprend par la suite que cette guitariste n’était guère appréciée dans le réseau des cabarets et des hôteliers.

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La chanson de l'handicapé
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Jeanne-Mance s’associe ensuite à un propriétaire de bar de Victoriaville. Elle déménage dans ce coin. Ce monsieur s’occupe de gérer sa carrière et elle commencera une tournée intensive en Gaspésie et au Nouveau-Brunswick. Malheureusement, cette personne, qui devait gérer les contrats, diminue les cachets de la chanteuse et à la fin de la tournée, partira avec les recettes et l’équipement.

C’est ainsi que Jeanne-Mance apprend durement qu’elle doit garder le contrôle sur sa propre carrière. Avec son complice et amant Mario, elle déniche une maison dans les Laurentides. Le métier qu’elle pratique depuis plus de vingt ans commence un peu à lui peser et au lieu de se promener à travers la province, Jeanne-Mance préfère donner des petits spectacles dans les ventes-trottoir, dans les salles paroissiales et dans les magasins Zellers où elle vend ses disques.

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