Lorsque j’étais enfant, mon père m’a acheté un Comodor Vic-20 pour Noël. Je me rappelle la joie ressentie près du sapin décoré, l’odeur de plastique neuf de mon Vic-20 se mélange agréablement à celui du souper de Noël que ma mère avait préparé. Le premier démarrage de mon ordinateur branché au poste télé dans ma chambre. C’était ma confirmation, j’étais un geek.
Je n’ai cependant pas pris un parcours direct vers l’informatique lorsque vint le temps de choisir une formation. Étant fils de commerçant, je me prédestinais plus dans le monde du marketing que dans celui de l’informatique.
C’est grâce à un enseignant en tendance de marché que j’ai réalisé qu’il y avait une possibilité de joindre les deux univers. On parlait à l’époque de la possibilité de remplacer un catalogue Sears par un CD-Rom où la consommatrice pouvait sélectionner ses items à l’écran. On voyait alors le commerce électronique avant son arrivée, car, à cette époque, nous étions sur des ordinateurs bureautiques très arrièrés, Windows 3.1 venait d’arriver, internet était réservé aux universités, les BBS permettaient de télécharger Doom via modem téléphonique… Je me souviens.
En parallèle, Apple avait lancé son Macintosh. Ordinateur avec une interface révolutionnaire, utilisant agréablement une souris, l’image, le son. Malheureusement pour moi, ce type d’environnement était trop cher pour mes moyens (et surtout celui de mes parents). Rapidement, les Machintosh se sont vus associés au monde de l’éditique, un monde spécialisé. Son prix et sa spécialisation nous permettaient, geek PC que nous étions, de snober cet appareil, de le dénigrer.
Steve Jobs, de son côté, avait déjà une vision, celle de la portabilité. Dans une vidéo faite par Apple dans les années 80, on y voit un appareil de type tablette, assistant virtuel où l’utilisateur lisait son journal, demandait vocalement à sa tablette son planning du jour, communicant avec ses collègues.
Cette vision a lancé le développement du Newton, un assistant numérique personnel qui a couté une fortune à Apple et qui a résulté en un échec commercial. Trop cher à produire, trop tôt sur le marché. À cette époque, Steve Jobs est évincé de chez Apple. L’entreprise décline, se perd, son marché professionnel commence à l’abandonner.
Lorsque Steve Jobs revient chez Apple en 1997 pour remettre son entreprise sur la bonne voie, il a une vision, un plan d’affaires exceptionnel. Il permet la renaissance de la marque par la mise en marché d’un ordinateur abordable, l’iMac, abandonne son système d’exploitation pour passer à un environnement plus évolutif, s’associe avec Microsoft et Intel. C’était l’hécatombe. Je me souviens de l’apparition de Bill Gate lors de la conférence des développeurs à la fin des années 90, Steve s’était fait huer par la foule!
Pourtant la stratégie fonctionne. En éliminant le processeur Power Mac, trop cher et trop chaud, en introduisant Mac OSX et en se retirant de la fabrication directe, Steve a permis de réduire ses coûts de production.
L’équipe qu’il met en place n’y est pas pour rien. Ses collaborateurs lui permette de réduire ses stocks, de sécuriser ses approvisionnements, de lancer de nouveau design plus humain et esthétique, de contrôlé la vente directe via ses Apple Store. L’Apple Store avec des Genius, des spécialistes qui expliquent directement au consommateur comment utiliser son iMac, devient une référence en commercialisation, copié aujourd’hui par les plus grands.
L’introduction du iPod en 2001 vient révolutionner la consommation de masse. Simplifiant la gestion de sa librairie musicale via iTunes, cet appareil est d’une simplicité inouïe. Steve Jobs explique simplement son fonctionnement, terminant toujours ses démos par une phrase simple: «et ça fonctionne!»
L’arrivée de l’iTunes Store intégré à iTunes permet enfin aux consommateurs de se procurer une chanson ou un album musical à un prix raisonnable, sans être obligés de pirater un MP3. Rapide, agréable, simple, à faibles couts, tout est réuni pour faire de cette plate forme de vente en ligne un succès imbattable. Aujourd’hui, Apple est le plus gros vendeur de musique au monde!
Après avoir solidifié sa base avec le iMac et OSX, apporté une première évolution du monde postpc avec son iPod, il lance le iPhone en 2007. Tout tactile, cet appareil est ce que le Newton devait être, à un prix accessible, avec des technologies encore inutilisées sur le marché.
Il pousse plus loin cette révolution post-PC avec le iPad. Encore une fois, Steve Jobs sort des sentiers battus et propose au consommateur un produit qui n’existait pas mais dont il a besoin. Succès planétaire!
Aujourd’hui, Apple propose une nouvelle avancée, celle de la dématérialisation des données. À travers le concept du Cloud computing, Apple fera évoluer son écosystème pour dissocier les données d’un utilisateur de son appareil (ordinateur, iPhone, iPad et Apple TV) en plaçant ceux-ci dans iCloud. Les appareils n’ont donc plus besoin de se brancher entre eux pour synchroniser les données. Ce sont les données de l’utilisateur qui le poursuivront à travers ses appareils. Changement radical encore une fois, révolution à venir pour le consommateur.
Malgré le départ de Steve Jobs, je suis prêt à parier que son héritage sera exploité encore plusieurs années par Apple. Une feuille de route, un testament d’une vision d’avenir, doit être scellée dans un coffre en Californie.
Cet homme visionnaire m’a fortement influencé. Il m’a démontré que malgré son éjection d’Apple dans les années 80, sa vision de l’avenir lui a porté fruit. Qu’en simplifiant son message, on pouvait convaincre.
Je me souviens des présentations qu’il faisait, ses fabuleux keynotes, référence en présentation, en discours. Lorsque je devais faire une présentation à des clients, je me préparais toujours en ayant un keynote de Jobs en tête. Source d’inspiration, source de succès.
Oui iSteve Jobs a connu des échecs. Mais il a toujours su se relever et aller de l’avant. Il ne sait jamais contenté de ce qui était fait, des idées reçues. Think different, pensez différemment, leur slogan passé qui s’applique à la technologie, à la gestion, à l’évolution, à la commercialisation, à la production, au dessin, à tout ce qui touche notre vie professionnelle et personnelle.
Steve Jobs est et restera toujours une inspiration pour moi. Merci à toi.