Deux constats sur mes lectures en 2010 : beaucoup de BD cette année encore, et une belle variété de nationalités pour mes coup de cœur des douze derniers mois (USA, France, Allemagne, Québec, Finlande, UK et Islande). Les bons livres nous viennent de partout. Dommage que nous ne puissions pas lire toutes les langues dans le texte, ca éviterai d’être tributaire de traductions parfois trop franco-françaises de France (et encore, déjà faut il que traduction il y ait…) Mais bon, trêve de chialage, et parlons plutôt des bonnes choses qui m’ont nourri la tête en 2010.
Les surprises du Nord de l’Europe :
Sofi Oksanen d’abord, une finlandaise d’origine estonienne avec un look gothico-harajuku-lesbien-chic qui s’est vue propulsée, à très juste titre, sur le devant de la scène littéraire internationale avec Purge, son premier roman traduit en français (et en anglais), une magnifique chronique/tragédie familiale sur fond d’histoire (la seconde guerre mondiale). Dense et haletant comme un thriller.Stefán Máni ensuite, ancien pêcheur islandais tatoué au physique de brute et à la plume hyper-testostéronée. J’avoue, après avoir lu quelques bons papiers sur son livre Noir océan (le premier traduit en français), que c’est sa photo qui m’a décidé à commencer son bouquin. Comme je suis en train de le lire actuellement je ne m’étendrai pas, mais c’est vraiment du noir de noir, un livre de gars, à la frontière du fantastique de par son ambiance et son style descriptif tordu comme j’aime. Une révélation. Le retour des rois du trash (bourgeois) : Houellebecq et Bret Easton Ellis la même année ? Duo gagnant ! Le premier nous pond un de ses meilleurs bouquins, La carte et le territoire, pour lequel il obtient (enfin) un Goncourt totalement mérité. Un livre à la froideur et à la précision clinique, aussi drôle qu’un film de Kubrick. Un classique et un livre important dans le paysage de la littérature française contemporaine.Quand à Suite(s) impériale(s) de Bret Easton Ellis, il s’agit tout bonnement d’un des meilleurs romans américains depuis… Lunar Park, lui aussi d’Ellis. Les héros deMoins que zéro, vingt cinq ans plus tard, l’idée pouvait faire peur (Ellis does a sequel !) Au final le résultat s’avère brillantissime, une sorte deGlamorama en plus trashy qui dresse le portrait d’une Amérique décadente à l’égo hypertrophié, en plein retour d’acide 80, qui chute en elle même dans une boucle infinie de superficialité vide de sens. Étourdissant jusqu’au malaise, il m’aura fallu quelques jours pour digérer la chose et me remettre du final d’un roman magistral. US-lit rules ! Lesbienne de l’année : Mon chouchou, mon chef d’œuvre hors catégorie, mon précieux, ma bible 2010, fut sans aucun doute (ni concurrence) l’omnibus d’Alison Bechdel regroupant la quasi totalité de son comics trip culte Dykes to watch out for. Sobrement (et judicieusement) titré The essential dykes to watch out for, le bouquin rassemble une somme de 400 pages qui couvre presque tous les aspects de la vie humaine (et pas juste de la vie lesbienne) du milieu des années 80 à nos jours.Ce avec une poignée de personnages de papier ou tout lecteur peut se retrouver. Des personnages qui vieillissent, tombent en amour, font des conneries, des enfants, baisent, souffrent, embrassent la vie, meurent, pleurent, rient, mangent bio ou pas, s’enthousiasment, se fâchent, se réconcilient. Les liens d’amitié sont sublimés, la famille rationalisée, les sentiments exacerbés au point qu’on s’identifie à tous les personnages et à aucun en même temps. J’avoue, j’ai savouré le livre de la première à la dernière case. Il m’a fallu presque six jours pour le lire, tellement le texte et le propos sont denses. Toute l’Amérique, qu’elle soit politique, sociale ou encore sexuelle, est décortiquée dans la BD de Bechdel.La meilleure bande dessinée que j’ai lue à date, et un chef d’œuvre de la littérature de la fin/début de siècle. J’ai même pleuré (d’émotion) à un moment, mais je ne vous dirai pas ou. Et ca c’est rare… NB : malheureusement, à ce jour, The essential DTWOF n’est toujours pas traduit dans la langue de Dantec.
Le petit top10 de mes lectures 2010
1. Alison Bechdel The essential dykes to watch out for2. Bret Easton Ellis Suite(s) impériale(s)3. Michel Houellebecq La carte et le territoire4. Christophe Bigot L’Hystéricon (le Décameron meets Loft Story. Jou-i-ssif !)5. Ralf König Et maintenant, allongez-vous ! (Un de ses meilleurs livre. Très cinématographique)6. Natasha Beaulieu Le deuxième gant (mon livre québécois de l’année)7. Sofi Oksanen Purge8. Armistead Mary Ann in autumn: a Tales of the City novel (Très très bon. Comme d’hab.)9. Sarah waters L’indésirable (Vénéneux et stressant)10. Stefán Máni Noir océan