Mes maîtres, mes adorables maîtres m’ont bien gâté cette année, pour mes huit années de loyaux services. Ils m’ont amener avec eux en Provence. Imaginez-moi, du haut de mes petites pattes tremblotantes, découvrir cette région, ce presque pays, qu’est le sud de la France.
Séjournant tout d’abord à Bandol, avec les parents de Francis, j’ai bien aimé mais j’étais dans un environnement trop humain, trop construit, pour me permettre de renifler vraiment les odeurs, de découvrir enfin ces couleurs qui ont tant marqués les artistes qui sont passés sur cette terre, influencés par ce doux paysage. Bandol étant avant tout un village jeté sur le bord d’une mer, où l’on pouvait apprécier la vue splendide de la Méditerranée.
La villégiature s’est par la suite poursuivit dans un adorable gîte, les Quatre-Saisons, retranché dans les terres où poussent les vignes, ces terres chaudes et fertiles qui sont bue à travers le monde à travers un doux breuvage adoré de mes maîtres.
Nos hôtes, Patrice et Didier, ont su concevoir, aux fils des ans, un douillet nid, retiré de tout, niché sur une colline qui me donnait l’impression d’être sur un plateau suspendu au dessus des vignes avoisinantes. Leur gîte, magnifié par les couleurs de la Provence, me faisait rêver, donnant l’impression d’être conçu pour moi, pour mon bonheur, celui de vivre et d’être aimée.
Mes maîtres, dans leurs infinie sagesse, ont misé sur ce site avoisinant Bandol, en restant a proximité de mes grands-maîtres, mais en étant cependant retiré en toute intimité. Ils y ont découvert, par un pur hasard, un duo d’hôte amoureux, comme eux, de la nourriture et chef de profession, de surcroît.
Que demander de plus à la vie, chienne humble que je suis, que de voir mes maîtres émus par autant de couleurs et de saveurs, gourmands comme ils sont, amoureux de la beauté et de la perfection, déguster les plaisirs d’un chef transmettant sa passion à travers une sélection de mets tous plus bons les uns que les autres. Yannick, ému par tant de beauté, d’odeurs et de perfection gustative, en a même versé une larme.
Il faut cependant voir et sentir la Provence pour vraiment comprendre, pour vraiment apprécier toutes les subtilités de la nature, une terre qui nous nargue de ses tonalités de vert découplées à l’infini, combattant un ciel bleu qui se met à rougeoyer en soirée, un peu par jalousie je suppose, de ses rouges déclinants vers l’orange. Une danse folle de couleurs s’offrant alors à moi, contemplant cette nature jalouse d’elle-même, jalouse de sa propre splendeur.
Les couleurs ne sont pas les seules armes ce cette nature qui brise nos dernières résistances, s’ils en est encore, par des parfums magnifiques qui vous ensorcellent et qui vous caressent. Les abeilles, folles comme moi de ces odeurs, butinent de fleur en fleur, n’ayant pas assez d’une vie pour tout sentir, pour tout découvrir, odeurs changeantes qui se jouent de nous avec la complicité du vent et d’une humidité quasi absente mais merveilleuse alliée des plantes qui lui rendent grâce en jouissant d’elle même lorsqu’elle se présente.
La Provence aura laissé sur moi et mes maîtres une vision de ce que fut l’Eden des légendes anciennes, aussi vieille que cette terre d’abondance, où danse les tomates rougeoyantes au grès du vent.