Lettre à Bernadette – Départ pour la Provence

 Très chère comtesse Soubirou,

Nos préparatifs sont enfin terminés, mon marquis de mari a, plusieurs heures durant, plié, rangé, sous pesée, ensachée, empaquetée, nos quelques effets qui nous serviront au cours de notre expédition dans cette région que les glorieux Romains ont baptisée la Provence.

Notre fille, la charmante comtesse Charlotte, s’est faite toute belle pour son premier voyage. Espérons que sa vessie tiendra la route (ou plutôt le vol!).

J’espère être à la hauteur de notre réputation, mais je suis, comme toujours, dans le doute. Le jargon provençal, m’a-t-on dit, est plutôt complexe à comprendre, une langue bâtarde dérivée du vieux français, du latin et de l’italien, et ma difficulté légendaire à comprendre les langues étrangères étant ce quel est, j’ai peur de faire une balourdise.

C’est donc une Claudette courageuse, à la hauteur des attentes de sa maitresse, qui part dans quelques heures, heureuse d’abandonner les méandres de la vie quotidienne, pour retrouver cette contré rosé et fromagé, qui vous salut bien humblement.

Votre toujours dévoué, Claudette, marquise de Bandole

Réponse de la Comtesse Soubirou à la Marquise de Bandole

Très chère Marquise de Bandole,

Comme il fait bon de vous lire!  Dans vos mots semble caché le secret espoir de plaire aux gens des veilles contrées lointaines.  Je dois vous avouer que ne comprends pas tout à fait vos inquiétudes langagières.  Vous n’avez qu’à agir tout à fait naturellement, comme seule une dame de ce monde sait le faire.

Quand à la balourdise, n’ayez crainte car vous fréquenterez beaucoup de gens d’un rang inférieur au vôtre.  Malheureusement, je dois vous révéler une cruelle vérité: ce sera vous qui aurez à endurer les balourdises des paysans de l’arrière Pays.  Je sais que cela vous causera certaines contrariétés, tout comme à la Comtesse Charlotte d’ailleurs.  À ce propos, cette dernière m’inquiète une peu.  Est-ce vraiment bon de l’exposer à toutes ces vicissitudes?  Avec ses problèmes de vessie j’aurais peur qu’elle ne se répande à la moindre anicroche.

Mais ce ne sont là que tergiversations puisque je vous reconnais un goût certain pour l’aventure.  Lors de vos pérégrinations, surtout, assurez vous qu’on se prosterne à votre passage, exigez-le!  Le respect est une chose que ces gens doivent apprendre.  Et surtout, appliquez la leçon numéro un que je vous ai enseigné, celle qui est au dessus de tout : Pour vous élever, rabaissez!

Je n’en puis plus d’attendre la suite de votre périple… écrivez-moi vite et surtout, soyez courageuse!

Votre plus que dévouée, Bernadette, Comtesse de Soubirou.

 

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