Maudit français

A la fois l’une des plus ancienne cités d’Amérique du Nord et la plus cosmopolite des villes canadiennes, Montréal n’en possède pas moins une ambiance européenne qui ne peut que la rendre irrésistible aux occupants du vieux continent.

Comme bien d’autres avant moi, je fais dorénavant partie des  » maudits français  » de Montréal. C’est ainsi que les québécois nomment les immigrants de l’hexagone. Il ne faut surtout pas voir là une quelconque manifestation de méchanceté, mais plutôt de la malice.

Chaque année, les touristes français viennent en grand nombre visiter leurs cousins d’Amérique, et, parfois, les fantômes de notre passé colonisateur resurgissent là ou on ne s’y attend pas. Ce qui peut froisser les susceptibilités. D’où le  » maudit français  » (affectueux) pour ceux qui restent.

L’attraction que Montréal (et le Québec) exerce sur les français s’explique de diverses manières. La langue commune évidemment, l’attirance pour l’Amérique (oui, même aujourd’hui), les grands espaces, le fait que ce soit la deuxième ville francophone après Paris, la qualité de vie, mais aussi… l’hiver.

Oui l’hiver y est rude, même si on est encore loin du Grand Nord. Les écarts de température peuvent d’ailleurs apparaître comme terrifiants aux résidents des pays tempérés. En quelques semaines la température peut varier de 80 degrés et passer de 40° à – 40° (en tenant bien évidement compte du facteur vent, qui joue ici un rôle capital, -20° se transformant en -35 à cause des bourrasques). Mais ça ne signifie pas non plus qu’il fasse un froid polaire à longueur d’année. Bien au contraire les étés sont torrides.

Du coup, contrairement aux idées reçues, les activités sont bien plus réduites durant l’hiver que pendant le reste de l’année, et pour cause: les locaux n’ont pas spécialement envie d’aller se promener à -30° sans une bonne raison !

Par exemple, pour tout ce qui concerne les sorties au théâtre, au cinéma ou le  » magasinage  » (ou plus prosaïquement, se rendre au travail), on utilise le réseau de couloirs et de corridors du Montréal souterrain pour se déplacer, à savoir près de trente kilomètres de galeries. Bien pratiques pour passer d’un point du centre ville à un autre sans mettre le nez dehors, ces liens permettent aux commerces de ne pas souffrir du froid. Certaines tours d’habitation donnent elles aussi sur ce réseau. Ce qui fait que, si vous habitez et travaillez au centre ville, vous pourrez ne jamais avoir à mettre le nez dehors de l’hiver pour faire vos courses ou sortir !

Malheureusement, le réseau souterrain ne concerne qu’une infime portion de l’île. Du coup c’est surtout sur un système de transport en commun très précis que reposent les déplacements des gens en hiver (même s’il est vrai que Montréal, de par sa taille et son climat, incite plus qu’une ville comme Paris, à avoir une voiture).

Les montréalais disposent d’un métro, surchauffé et relié au réseau souterrain, mais c’est surtout le réseau de bus de la ville, extrêmement précis et bien développé, qui fait toute la différence. Chaque numéro d’arrêt de bus est en effet aussi un numéro de téléphone, qui correspond à une boîte vocale donnant les horaires des trois prochains bus à passer. Du coup, pas la peine d’attendre des heures exposé au froid, il suffit d’arriver à son arrêt avec quelques minutes d’avance. D’autant plus qu’à Montréal les bus sont à l’heure… Tout comme il suffit de lever la main pour arrêter un taxi, même en plein centre ville.

Concernant les activités d’hiver telles que le ski alpin, le ski de fond, la motoneige, la luge, la randonnée en traîneaux à chiens ou encore la  » pêche blanche  » (on pêche dans des cabanes installées sur les lacs gelés) il faudra sortir de l’île, la si jolie neige blanche se transformant bien vite en  » sloche  » au centre ville : un mélange de boue, d’eau, de sel et de saletés qui, en plus de salir les bas de pantalons prend un malin plaisir à ronger (à cause du sel) vos coûteuses chaussures d’hiver. Mais, une fois sorti du centre, s’étend à perte de vue une neige immaculée, le fameux or blanc.

L’hiver à Montréal réserve tout de même son lot de bonnes surprises : on peut ainsi aller patiner sur les bassins gelés, voir un match de hockey des Canadiens, l’équipe mythique de la ville, ou encore admirer l’exposition de sculptures sur glace du Jardin Botanique.

Le froid a beau être très dur, les Québécois ne sont pas du genre à hiberner. A défaut de pouvoir dompter la saison blanche, ils savent comment l’apprivoiser.

Mais on ne peut pas dire pour autant que l’hiver soit une partie de plaisir pour les Montréalais. Pas étonnant donc que tout ce beau monde confiné entre quatre murs durant des mois veuille sortir dès l’arrivée des beaux jours.

D’où une multitude d’activités extérieures qui jalonnent l’été montréalais, de juin à septembre. Festivals de cinéma, Jazz, chanson francophone, humour, spectacles de feux d’artifices ou de Drag Queens, tous les prétextes sont bons pour profiter de la belle saison!

Revue de détail des principaux événements.

Le Festival de Jazz

Sans aucun doute la manifestation artistique montréalaise la plus connue et appréciée à échelle mondiale, le festival de Jazz est devenu, au fil des ans, un rendez-vous immanquable pour les aficionados de cette musique. Bien sûr il est très difficile d’arriver à se procurer des places pour les concerts évènements (comme ceux de Prince, Diana Krall ou Cesaria Evoria pour l’édition 2001), mais l’action est de toute façon bien plus intéressante dans la rue, et pas uniquement parce qu’on ne paye pas (je pense notamment aux musiciens de la Nouvelle-Orléans qui, chaque année, emportent tous les suffrages).

Un des intérêts majeurs du festival est d’arriver à mixer une vaste palette de genres musicaux, tous reliés au jazz, mais dont on aurait pu penser que les fans ne se mélangeraient pas : soul, gospel, musique ethnique, house, etc. Au final, une programmation pointue et diversifiée qui attire de plus en plus de spectateurs du monde entier depuis maintenant bientôt vingt-deux ans. Il est juste un peu regrettable que les stars fassent payer (parfois cher) leurs performances.

Juste Pour Rire

Comme tous les festivals de Montréal,  » Juste Pour Rire  » se déroule à la fois en plein air, sur la rue Sainte Catherine et ses alentours, et en intérieur, dans les salles de spectacle de la ville et au Musée Juste Pour rire, premier du genre au monde. Le rire, l’humour et la fantaisie sont les trois axes de ce festival né il y a près de vingt ans. Les scènes de plein air permettent aux nouveaux talents de se faire découvrir. Qu’ils soient originaires du Québec, de la francophonie (oui, oui, les français se déplacent aussi !) ou même anglophones (avec le pendant anglo des festivités :  » Just For Laugh « ). Comme c’est gratuit, c’est toujours plein ! Tout autant en fait que les spectacles payants des stars de l’humour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Québec ne manque pas d’humoristes : Lise Dion (rien à voir avec vous savez qui), Yvon Deschamps, Martin Matte, Anthony Kavanagh, Maxim Martin, Courtemanche et bien d’autres. Sont aussi présents des  » pointures  » étrangères comme Pierre Palmade ou Jerry Seinfeld. Tout n’est pas bon évidemment, mais comme le choix est large on y trouve toujours son bonheur. A ne pas rater, la parade de rue, différente chaque année, et toujours spectaculaire.

Le Concours International d’Art Pyrotechnique de Montréal

Très certainement le rassemblement le plus populaire de l’été, le concours international d’art pyrotechnique de Montréal (connu aussi sous le nom de Mondial SAQ, du nom de son commanditaire principal) réunit des foules impressionnantes à chacun de ses feux d’artifice. Tous les ans, une dizaine d’équipes d’artificiers venus des quatre coins du globe (dont la France) s’affrontent pour devenir les lauréats du prestigieux trophée Jupiter, devenu, au fil des ans, une référence dans l’industrie pyrotechnique.

Pendant un mois, tous les mercredis et samedis soirs, les montréalais se massent donc à La Ronde (le parc d’attraction de Montréal), sur le pont Jacques Cartier ou encore sur l’une des deux rives du fleuve St Laurent pour assister aux feux. La plupart des gens arrivent assez tôt afin de se garantir les meilleures places, sans oublier d’amener leurs radios, l’explosion des pièces pyrotechniques étant synchronisée avec de la musique. C’est ainsi l’occasion pour beaucoup de se rencontrer ou de se retrouver entre amis à peu de frais, vu que les feux sont gratuits. Chaudement recommandé, même si certains pays (dont je tairai les noms…) sont parfois chiches sur leur bouquet final !

Les Francofolies

A ne pas confondre avec celles de La Rochelle (c’est un peu loin si on se trompe de ville…), les Francofolies de Montréal sont apparues en 1989. Le festival, qui se déroule sur l’esplanade de la Place des Arts et ses alentours, se veut un reflet du meilleur de la musique d’expression francophone. C’est à la fois vrai et faux. Vrai car (en théorie) on peut assister à une kyrielle de concerts d’artistes aussi variés que les Rita Mitsouko, Lynda Lemay, Passi, Juliette Gréco, Isabelle Boulay, Diane Dufresne, Vanessa Paradis ou encore Arthur H. Et faux tout simplement parce que (en pratique) la francophonie musicale se limite en fait surtout au Québec et à la France, même si le programme parle de quinze pays.

Mais ce festival reste tout de même l’occasion pour le public québécois de découvrir des chanteurs et musiciens français peu distribués. Les spectacles sont là encore gratuits et payants et c’est bien évidemment pour les stars qu’il faut débourser. Mais les prix sont bien plus abordables que ceux du festival de jazz, d’où un public plus jeune.

Divers Cité – Fierté Gaie

Fait peu connu en Europe (sauf peut être au sein des populations gaie et lesbienne) Montréal est une ville plutôt avant-gardiste dans ses rapports à sa communauté homosexuelle. En effet, non seulement la mairie prend part financièrement à la semaine de la fierté, mais il n’est pas rare que le maire ou des ministres du gouvernement viennent défiler (et ce sans être gays eux-mêmes). Une semaine qui dure en fait dix jours. Dix jours de folie où les shows de Drag Queens, les concerts (avec entre autres cette année le français Dominique Dalcan, sous son nom de scène techno  » Snooze « ) et les projections de films se suivent à un rythme effréné. Sans oublier que la crème des DJ mondiaux est là pour faire danser tout ce petit monde, Montréal ayant une réputation de reine des dance-floors nord américains à tenir. L’événement principal de Divers Cité est bien évidemment le défilé de la Fierté Gaie, qui a réuni en 2001 quelques 750 000 participants (contre 1800 pour la 1ère édition en 1993) et est diffusé en direct à la télévision ! Cette popularité vient aussi du fait que Montréal soit une des rares grandes villes à avoir un véritable quartier gai, Le Village, dont les établissements ont une énorme capacité d’accueil. Pour l’édition 2001 pas moins de 1 200 000 personnes ont participé aux activités Divers Cité.

Le Festival des Films du Monde

Né à la fin des années soixante-dix le Festival des Films du Monde de Montréal fêtait ses 25 ans cette année. Contrairement aux Francofolies le FFM est un évènement réellement international, une vitrine du cinéma mondial contemporain, une sorte de Festival de Cannes en modèle réduit. A noter d’ailleurs que le film évènement de l’édition 2001 était français :  » Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain  » (il est depuis devenu un gros succès au Québec). Tout autant orienté film d’auteur que cinéma commercial, le FFM est devenu un vrai rendez- vous pour les cinéphiles désireux d’assister à des avant-premières ou de voir des films n’ayant que peu de chance d’être correctement distribués au Canada. Le FFM ne se déroulant pas en extérieur, il a toujours lieu à la fin de l’été (fin août, début septembre) et annonce donc la fin des festivités estivales de la ville.

Mais le FFM n’est pas le seul évènement cinématographique de Montréal. Les cinéphages ont en effet de quoi se rassasier avec :  » Image + Nation  » (festival de cinéma gai et lesbien) ;  » Le Festival international du nouveau Cinéma et des nouveaux Médias de Montréal  » (plus axé cinéma d’auteur et création numérique) ; ou  » Fantasia  » (festival fantastico-trash, ou les films gores sont autant de mise que de vieux épisodes  » d’ Albator « . L’emphase est surtout mise sur le cinéma trash asiatique).

Tous ces festivals sont aussi une bonne alternative à l’habituel déferlement estival des blockbusters américains sur les écrans (les films US sortant en même temps au Canada et aux Etats-Unis).

A tout cela s’ajoutent, y compris l’hiver: la musique symphonique et l’Opéra ; le théâtre (en deux langues, grâce aux avantages du bilinguisme) ; les musées ; les cabarets et les bars; les fameux cent clochers de Montréal (la ville est tout bonnement truffée d’églises) ; le quartier chinois (un Chinatown plus petit que celui de New-York mais tout aussi touristique) ; le Biodôme (où sont recréés les quatre écosystèmes des Amériques dont la forêt tropicale, et ce, même au plus fort de l’hiver); le Vieux Port ; le Casino de Montréal (à l’origine ancien pavillon de la France lors de l’Exposition Universelle de 1967).

Comme Londres, Paris ou New-York avant elle, Montréal est aujourd’hui devenue l’une des grandes métropoles occidentales incontournables. La violence et le stress urbains en moins prononcés. La neige en plus.

Du coup, si vous décidez de venir y faire un petit tour, méfiez-vous, car on prend bien vite goût à la vie montréalaise…

Petit lexique québécois

  • Arrêt : stop Une bibitte : une petite bête (voir un insecte)
  • Ma blonde : ma petite amie
  • Un gars : un mec
  • Écouter la télé : regarder la télé
  • Un fif : un pédé
  • Fin de semaine : week-end
  • Une lumière : un feu de circulation
  • Magasiner : faire les boutiques
  • Un pétard : un mec mignon
  • Une pitoune : une jolie fille
  • Stationnement : parking

Quelques bonnes adresses et liens Internet utiles Tourisme :

– Le site officiel d’information touristique de Montréal : http://www.tourisme-montreal.org

– Le Biodôme de Montréal 4777, avenue Pierre De Coubertin Téléphone : (514) 868-3000 Métro Pie-IX http://www.biodome.qc.ca

Magasinage :

– La Maison Simons Grand magasin de vêtements (homme et femme). Fringues branchées et designers. Incontournable. 977, rue Sainte-Catherine Ouest Téléphone : (514)282-1840

– Archambault L’équivalent québécois de la FNAC : musique, livres, cinéma, mais aussi partitions et instruments de musique. 500, rue Sainte-Catherine Est Téléphone: (514) 849-6201 http://www.archambault.ca

Restaurants et Cafés:

– Restaurant La Louisiane Cuisine Cajun. Un peu excentré mais une cuisine sublime. A ne pas rater. 5850, rue Sherbrooke Ouest Métro Vendôme Téléphone : (514) 369-3073

– Restaurants Nickels Recommandés plus pour leur côté kitsch que pour leur cuisine, la chaîne de restaurants Nickels appartenant à Céline Dion! On y sert même un gâteau portant son prénom. http://www.nickelsrestaurants.com

– Montréal Pool Room Un lieu à l’aspect un peu douteux certes, mais sans conteste les meilleurs hot-dog de Montréal depuis 1912. Sinatra lui-même y fut client. Et en plus ça ne coûte presque rien! Sur le boulevard Saint-Laurent, entre la rue Sainte-Catherine et le Boulevard René Lévesque Métro Saint-Laurent

Complexes

(ensemble d’établissements appartenant à un même propriétaire et réunis sous un seul toit, à la fois bar, café, restaurant, boite de nuit et parfois même aussi hôtel. A l’image de la démesure de l’Amérique) :

– Newtown Un tout nouveau complexe, appartenant au pilote de Formule 1 Jacques Villeneuve (d’où le nom de l’établissement). 1476, rue Crescent Métro Guy-Concordia Téléphone : (514) 284-6555

– Complexe Bourbon Énorme complexe situé dans le village gai et comprenant notamment :

Le Club Sandwich Plusieurs restaurants, ouverts 24 heures sur 24 et servant de la cuisine nord-américaine, dont la fameuse poutine québécoise. 1578, rue Sainte-Catherine Est Téléphone : (514) 523-4679

La Track 1584, rue Sainte-Catherine Est Téléphone : (514) 521-1419. Une immense discothèque sur trois niveaux, très fréquentée les week-ends. Musique disco et rock alternatif au programme.

Clubs et Bars :

– Foufounes Electriques Ancien repère punk underground, les Foufs (surnom de l’endroit) est aujourd’hui un bar étudiant. L’incroyable décoration métallique de la façade vaut vraiment le détour. 87 Sainte-Catherine Est Téléphone : (514) 844-5539 Métro Saint-Laurent http://www.foufounes.qc.ca

– Stéréo Club Énorme système de son et les meilleurs DJs house de la planète. Clientèle branchée et jeune. 858, rue Sainte-Catherine Est Métro Berri-UQAM

– Sona Boite de nuit populaire, clientèle mixte (hétéro et gaie). 1439, rue Bleury Métro Place-Des-Arts Téléphone : (514) 282-1000

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