Gros choc cinéma hier soir. Et je ne parle pas des éternels bouffeurs de pop-corn bavasseurs qui hantent perpétuellement les salles obscures où nous nous aventurons de plus en plus rarement (et je ne dirai rien des projectionnistes modernes – des machines en fait – qui plus que souvent nous gâchent le film pour cause de son ou d’image full dégueux. Heureusement qu’on a inventé les DVD…). Mais, bref, là, pour une fois, le film était en VOSTF (Alléluia praise the Lord!) Et pis le Quartier Latin c’est pas trop loin de la maison. Nous avons donc été voir « Transamerica ». Et y’a pas à dire, les Golden Globes de cette années étaient on ne peux plus politique (dans le sens anti-républicains du terme). « Brokeback Moutain », « Capote » et surtout « Transamerica ».

Le film n’a rien, mais alors absolument rien de la rectitude politique actuellement de mise dans les comédies de genre. On parle de transsexuelles? Ben on va en causer en détail! Et même montrer de la bizoune si ça s’avère nécessaire! Pas de happy end à usage hétéro non plus! Non, non, non, la fin (que je ne dévoilerai pas ici) est incroyablement juste, drôle et tendre, dans la droite ligne narrative du film. Et puis quel scénario! Là où celui de « Brokeback Mountain » fonctionnait par petites touche et par tableaux temporels elliptiques délicats, « Transamerica » fonctionne plus, lui, sur la montée du rythme et des dialogues bien sentis, lente d’abord, puis de plus en plus rapide, en parallèle avec le défilement d’un tableau quasi complet de l’Amérique dans tous ses paradoxes et ses contradictions, son humanité et son impossible quête de perfection physique et morale. De New York à Hollywood, du cabinet d’un psy a un plateau de tournage porno gay, toute la diaspora américaine va y passer (non sans se faire sauvagement égratigner au passage) : hippies illuminés, blacks, juifs, indiens, gays et straights, transgenres mâles et femelles, hommes, femmes, jeunes, vieux, pauvres, riches, tapins, pédophiles. En somme, tout le monde (ou presque) est représenté dans le film. Et tous sont ô combien humains. La palette de personnage défilant autour de Bree et de son fils est un incroyable reflet de notre époque et de notre société nord américaine.

Même (et surtout) la famille est passée au broyeur! La totale (et irréversible) destruction du noyau familial « conventionnel » n’a jamais été aussi bien mise en évidence dans un long-métrage. Toute tapoune ayant le bagage qu’elle a va retrouver un peu de son propre vécu dans l’hilarante scène ou Bree retrouve ses parents banlieusards friqués qui l’ont jadis rejeté. La encore l’humanité prédomine et l’amour va l’emporter. Préparez vos mouchoirs! La distribution est bien évidemment sans fautes. Ils sont tous absolument incroyables. La performance hallucinante, que ce soit au niveau de sa métamorphose physique, du travail de la voix ou de son jeu, de Felicity Huffman (oui, oui, il s’agit bien de Lynette dans « Desperate Housewives »!!) lui mérite totalement son Golden Globe, ainsi que l’Oscar qui s’en vient. Y’a vraiment pas photo. Et puis Dolly Parton s’est fendue d’une jolie chanson écrite et composée spécialement pour le film. Ne partez pas avant la fin du générique! Et arrêtez de bouffer et de jaser pendant la projection. Ou alors restez devant TVA. Merci. Un conseil. À ceux qui haïssent le cinéma américain pour quelque raison que ce soit : de grâce, allez voir ce film!

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