La période décembre/janvier est toujours bien pauvre en sorties de disques. La faute aux fêtes et à la gueule de bois qui s’en suit. Compilations, coffrets couteux (et souvent douteux), albums de Noël et autres cochonneries pullulent sur les tablettes des disquaires (physiques ou numériques) en décembre, janvier étant le mois des soldes ou il faut se débarrasser des invendus. Du coup c’est plutôt rare que les nouveautés soient bien excitantes. Ce qui fait de cette période ma préférée pour dénicher les perles qui sont passées en dessous de mon radar Pop (que ce soit des trucs des derniers mois ou d’il y a dix ans). Et tous les ans ça ne rate pas, internet aidant, je découvre des artistes (souvent improbables ou du bout du monde) que je ne connaissait pas ou peu en m’écriant «Mais comment j’ai pu passer à coté de ça bordel!» Le Dubstep britannique par exemple, shame on me pauvre inculte, je n’ai découvert et embarqué que facilement deux ans après l’explosion (en même temps je doute que ce soit un genre qui cartonne jamais sur les ondes des radios québécoises…)
Depuis environ trois-quatre ans ce sont des artistes pop, voir électro-pop, espagnols qui m’enthousiasment. Une scène qui, forcément, est peu connue chez nous. Ne serait ce que parce que les disques sont totalement introuvables et les artistes concernés souvent au delà du local. Ce qui ne les empêche pas d’être des stars en Espagne (ou en tout cas à Madrid ou Barcelone, voir auprès des gays tout au moins. Des Ysa Ferrer de España si vous voulez!) Et ce coup ci c’est vraiment par un total hasard et une accumulation de détails ne pouvant que m’interpeller que je suis tombé sur Rafa Spunky. En sautillant virtuellement de site en blog, cherchant je ne sais quoi (surement rien d’ailleurs, internet est un vortex qui va tous nous dévorer! Ahhhhhh! Mais je m’égare…) Je suis me suis donc retrouvé à lire un article en espagnol sur un chanteur au look plus que flatteur (Yannick va dire que je ne l’écoute que pour ça mais non non non, sa musique est écoeurante. Le physique du bonhomme est juste un bonus) qui s’avérais être le choriste du groupe espagnol Fangoria, que j’adore.
Pour les situer, disons que ce sont des Pet Shop Boys ibères, menée par la sublime chanteuse Alaska, une totale icône gay Madrilène à la crinière orange électrique. Bref Rafa Spunky (de son vrai nom Rafael Monsalve) est leur choriste sur disque et en concert depuis plus de dix ans. Et il est gay, bear assumé qui plus est, DJ respecté, producteur (entre autre de l’hilarante drag La Prohibida) et remixeur.
Cerise sur le sundae, il a repris deux de mes b-sides favorites de tous les temps, une de Madonna, Let Down Your Guard (1994) et une de Prince, Erotic City (1984), avec son groupe POPBITCH (avec un nom pareil ce groupe ne pouvait que m’être destiné…) Tout pour me donner le gout d’écouter les disques du monsieur en fait! Une fois passé l’overdose, vu que j’ai tout trouvé tout de suite (merci internet) et tout écouté d’une shot, je me suis surpris à revenir encore et encore au même album, son dernier et étrangement son premier dans sa langue natale, Un Nuevo Final. Ceci en pleine Tron Legacy soundtrack mania! (Spunky/Tron/Mylène, le tiercé gagnant des fêtes – et de l’année 2010!)
Un Nuevo Final est un album concept autour du thème des ruptures amoureuses, sous toutes leurs formes, chanté sur un ton mélangeant plus qu’habilement la mélancolie nécessaire au sujet, les beats électros, une production d’une finesse PetShopBoysienne (bien plus que Fangoria d’ailleurs!) et la voix suave de Spunky. Et quand je dis suave on est dans la catégorie du Marvin Gaye de Sexual Healing ou de la k.d. lang de Drag là! Il chante la rupture comme si c’était un truc cochon un peu poisseux et humide. Avec des intonations calibrées au millimètre et la gouaille de l’hidalgo bear castillan conscient de son potentiel érotique.
Ca fourmille d’hommage à ses maitres en plus: du Soft Cell des débuts (The Art Of Falling Apart) au Depeche Mode période bouclettes et cuir SM. On est vraiment dans les jeunes années 80, énergiques et bourrées de synthés rois. Sans que ça vienne surcharger l’ensemble, le Spunky restant en contrôle absolu de son art. Donc, oui Yannick, Spunky est barbu, mais dans son cas ce sont sa voix et sa musique qui le rendent sexy. Comme j’écrivais plus haut, le physique du bonhomme n’est qu’un bonus. Pour les curieux, l’album est en vente sur leiTunes store canadien. Un joli clip, illustrant une toune de l’album Kommunikation, Lovely Night. Attention, le clip est un peu pédé 🙂
Et pour les fous voici une petite discographie (partielle) de Rafa: Avec son premier groupe, But Not Tonight: Memories Of The Night Before(single, 1990) What’s Going On/Wicked Ways, (single, 1992) En solo: Forever Turning (1er album, 1999) Kommunikation (2ème album, 2003) Lovely Night (single, 2005) Kommunikation Remixed(album de remixes, 2006) Saber De Ti EP (EP 5 titres, 2006) Un Nuevo Final (3ème album, 2007) Avec POPBITCH: The Walk (single, 2005) POPBITCH featuring Spunky (album, 2005)
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