Écologiquement suspect
Lors d’une conversation avec Yannick, je lui faisais part de mes entreprises de rénovation. « Je décape toutes les portes de la maison » « T’es fou, balance-moi ça aux poubelles pis va t’en acheter d’autre chez RO-NA! » qu’il me dit. Personnellment, je crois que les portes d’il y a 50 ans sont plus belles que celles qu’on retrouve chez Ro-Na aujourd’hui… décaper mes vieilles portes, c’est un passe-temps comme un autre et j’ai toujours trouvé que ça ajoutait du cachet.Sauf que.Ce que j’ai répondu à Yannick c’est : « Ben là, faut être écologique! On balance pas des vieilles portes aux poubelles comme ça! Protégeons notre planète! » et pattati et patata!Je ne le savais pas encore, mais une petite semaine de réflexion m’a permis de comprendre à quel point j’étais écologiquement suspect.Protéger ma planète?…c’est noble comme cause. Si j’avais jetté mes portes. Bon, c’est du bois avec de la peinture. Le bois prend du temps à se décomposer mais il s’agit d’une matière naturelle donc c’est pas si pire. Pour ce qui est de la peinture c’est autre chose. Mes portes avaient 50 ans de peinture sur le corps!La première porte que j’ai décapé je l’ai fait avec le Super Décapant de la petite madame conne à la TV. « Croyez-moi Super Décapant, ça marche! » qu’elle dit. En passant la madame elle avait bien raison. Donc me voilà à enlever des larges bandes de peintures avec le décapant. Bon… là on se comprend, je préserve ma porte, mais j’envoie un mélange de peinture et de décapant dans la nature. Mmm… pas si écologique que ça en fin de compte.Par la suite, ô bonheur! Mon chum m’apprend l’existence d’un pistolet à décaper acheté en spécial cet hiver. Armé de mon pistolet, je commence à décaper l’endos de ma porte. Wow, ça va bien c’t’affaire là! Ça chauffe la peinture à je sais pas trop combien de degrés… c’est satisfaisant de voir les cloques se former sur la surface et de passer sa spatule là-dedans comme dans du beurre! Ensuite les déchets durcissent et deviennent cassants comme du verre.Sauf que. Encore une fois, je garde la porte et j’envoie la peinture dans la nature… mais en plus, en décapant, l’extrême chaleur du fusil à décaper provoque des gaz (sûrement nocifs, une bonne bouffée vous en convaincra) qui sont directement envoyés dans l’atmosphère et en plus je remplis mes sacs de déchets de peinture.Ça y est, je suis responsable des changements climatiques, des ouragans en Nouvelle-Orléans et de la hausse du prix de l’essence.Avec la tendance écolo-verte machin truc, chaque geste que nous faisons a une répercussion sur notre planète. Nous sommes tous écologiquement suspects… assassins collectifs d’une terre-mère nourricière qu’on fait parler ( Gros animisme. Gaïa et toute autre déité sortie tout droit de mythes primitifs) pour mieux s’accuser de ce matricide à petit feu.Ça a déjà commencé, sur les lieux de travail, dans la vie de tous les jours… les gens vous reprennent, vous disent de jeter tel item dans telle boîte à récupération etc. Ce n’est pas fini… le sale pollueur va subir le même traitement que le sale fumeur qui se fait arrêter dans la rue pour se faire dire que fumer c’est pas bon pour la santé.D’ailleurs les deux tendances se sont ralliés dernièrement à Montréal, car jeter son mégot de cigarette par terre est maintenant passible d’une amende.Et en plus, c’est bien vu de se mêler de la vie de l’autre pour lui faire la leçon. Mais entendons-nous… il existe aussi des cas pathologiques… comme ma voisine d’en face qui nettoie son stationnement d’asphalte à chaque jour àal’aide de son boyeau d’arrosage. Et quand je dis chaque jours, c’est vraiment ça. Elle sort même durant les journées d’orage vêtue de son ciré pour nettoyer son asphalte durant qu’il pleut. Est-ce que ça fait de moi un inconscient si, chaque fois que je la vois, je rage… mais je ne suis pas allé lui dire. Car aujourd’hui, se mêler du mode de vie du voisin c’est encouragé… il y a des escadrons d’enfants qui sont présentement endoctrinés à propos de cela dans les écoles. Watch out… les enfants vont nous faire la morale!… Ils vont nous la faire… parcequ’ils vont nous répéter les litanies qu’on leur a appris… mais on ne leur aura surtout pas appris à se regarder le nombril avant de s’ouvrir la trappe et avant de donner de judicieux conseils.Ce qu’ils ne savent pas ces chers petits… c’est qu’en naissant… ils sont écologiquement suspect. Le prochain qui me fait la morale à propos de cela, je lui demande s’il a porté des couches jetables ou des couches de coton. Si c’était des jetables, je le fustige en lui disant qu’il n’avait qu’à apprendre à parler plus tôt pour dire à sa mère d’arrêter d’acheter des Pampers et de se mettre à gratter ses couches de coton pleines de merde.Mais il faut absolument sauver la terre! Mais il faut arrêter de se plaindre et apporter des solutions! Je crois que cette solution est la meilleure:Je propose un grand suicide collectif interplanétaire. Les humains devront arrêter de travailler, de se déplacer, de manger (leurs aliments sont pleins de produits chimiques… sans compter leurs infâmes déjections!) etc. Ils mourreront de faim, tout simplement. En plus en mourrant, ils seront à même de comprendre le sort qu’ils ont fait subir aux habitants du tiers-monde. Une mort aussi consciente que ça est une mort noble! Le seul problème, c’est qu’il faut que tout le monde s’entende sur une date! C’est pas encore fait!Alors seulement, la terre sera sauvée. Laissons le champ libres aux animaux… qui sait peut-être que ce seront les ours qui développeront une forme d’intelligence qui et se démarqueront de toutes les espèces animales pour les gouverner tous!