Chère Madame Ex…
J’ai écouté le nouvel album live de Madonna, Madame X – Music From The Theatre Xperience, sorti cette semaine.
Malgré les récents délires jeunistes de la chanteuse et le fiasco que représente cette tournée pour beaucoup de fans de longue date (comme moi), je lui laissais une petite chance de rédemption.
Premier constat : sans visuel pour soutenir les chansons, l’album est horriblement plate musicalement (Medellin en est le parfait exemple, surtout dans cette version remix/lip-sync).
Étant surtout composé de tounes de l’album Madame X (2019), le choix de chansons est donc plutôt médiocre et très très vide en matière de succès ou de classique revisités.
Madonna aurait aussi dû faire le choix de parfois plus faire retoucher sa voix. Après tout, elle a un montage épileptique au rythme artificiel pour le show version filmé et elle a fait de nombreuses retouches au reste de sa personne…
Ce disque c’est quoi?
Du théâtre rock? Non.
Ce n’est pas Kate Bush (humour! Allez jeter une oreille à Before the Dawn pour comprendre ce que je veux dire).
Un show intime? Oh fuck, non.
Ça c’était un fort joli prétexte pour bien vendre les billets à prix d’or.
Et ça a parfaitement fonctionné.
Un Show politique? Oui, mais vraiment très opportuniste, pour bien aller avec l’époque de fausses révolutions que nous vivons actuellement.
Les messages politiques du show sont hyper lourds, attendus et totalement convenus (comme le pitoyable « Death to the patriarchy! » vers le début de l’album).
Madonna essaye encore, non pas de se réinventer, mais de rester à la fois au cœur de l’œil du cyclone médiatique (son fond de commerce depuis ses débuts) et d’avoir l’air pertinente en 2021 en en faisant (beaucoup) trop.
Du coup, elle devient de toutes les causes woke de la minute, voir de l’instant (du néo-féminisme à black lives matter, en passant par les « nouvelles » causes lgbtq+).
Et c’est une victime elle même, bien sûr.
Elle est une victimes des hommes, des blancs, de l’industrie musicale, des médias, elle, cette combattante et militante de la première heure, bla bla bla.
L’époque est bien pratique pour ce genre de prêche hypocrite, ou n’importe qui peut devenir la voix de tous les opprimés de la terre en quelques clics supposément bien intentionnés.
Si on suit la carrière de Madonna depuis un certain nombre d’années, on ne la reconnaît plus vraiment. Trop de chirurgie mentale peut-être, comme avec sa face et son corps.
Citer James Baldwin ou Frida Kahlo à tour de bras ne suffit pas.
Ou, en tout cas, ne suffit plus.
Retour au disque : les vieilles tounes sont principalement présentes sous forme d’interludes sur l’album.
Et ce sont surtout des morceaux datant des années 90. Des chansons ici souvent abominablement massacrées.
Express yourself, incluse a la fin de Human nature, est une vraie horreur, le rap d’American Life n’est pas vraiment un moment d’épiphanie musicale, mais plus proche d’un désagréable reflux gastrique.
Et ce que subit La Isla Bonita dans Welcome To My Fado Club est au-delà des mots.
Pour ce qu’il reste de Justify My Love (dans Breathwork) je laisse la surprise…
Les nombreux titres extraits de Madame X ne se sont, eux, pas miraculeusement améliorés en deux ans.
Bien au contraire, les fissures ne sont que plus apparentes. Surtout dans les textes, qui révèlent encore plus leur totale vacuité.
Et ce ne sont pas les bonus ethnico-chics modasses comme le (très très) court Fado Pechincha qui vont relever le niveau de l’ensemble.
Madonna est d’ailleurs bien vite passée de Piaf au fado… Prochain arrêt, l’afrobeat? Ou bien la musique hindoustanie?
Bref, un disque de merde.
Un vrai.
Un qui pue l’hypocrisie et la fatuité à plein nez.
Quelque chose que je n’avais encore jamais pensé, écris, dis, ou même envisagé d’écrire à propos d’un album de la Ciccone.
Un album dont j’ai laborieusement réussi à terminer la douloureuse écoute après m’y être repris à six fois.
Et pas à cause de mon cancer.
Il est clair que je ne regarderai même pas l’enregistrement vidéo du show, lourdement remonté pour avoir l’air de plus que ce n’était en réalité.
Avoir été un grand fan pendant presque 35 ans n’aide pas à faire passer une aussi grosse pilule.
Elle est trop grosse pour passer.
Et, si je suis honnête, ça fait déjà un bout de temps qu’elle est là cette cassure, depuis l’après Celebration en fait (et la rupture d’avec Warner, étrangement).
Donc, oui, comme l’a chanté Lara F. :
« Tout, tout
Tout est fini entre nous
J’ai plus la force du tout
D’y croire et d’espérer »
Au revoir Madame Ex. Adieu Madonna.