Une autre année, une autre rentrée. Encore plus inintéressante que 2020, politisée et sociale à l’extrême, bien loin de la littérature et du plaisir de lecture. Voici la rentrée littéraire 2021!
Néo-féminisme, #metoo, race, colonialisme, transgenre, non binaire, écologie, climat, masculinité toxique, censure, langue inclusive, islamophobie, véganisme, antispécisme, migrants, politique, privilège blanc, complotisme, etc etc.
Tous les thèmes woke et plus se retrouvent dans une part largement majoritaire des parutions d’automne, que ce soit en français ou en anglais.
Les diverses sélections des médias (spécialisés ou non) poussent même l’activisme en présentant une écrasante majorité de textes écrit uniquement par des femmes.
On parle d’au moins un bon 80% des titres présentés dans les diverses listes chez nos voisins américains (quand ce n’est pas plus).
Et les thématiques raciales et 2SLGBTQI+ arrivent juste derrière (on est rendu à neuf caractères mais plus tellement de pédés dedans…)
C’est bien beau mais c’est l’inverse de la diversité ou de la parité. Tout le monde est loin d’être représenté. Il manque même beaucoup de monde. La misandrie et le nouveau racisme inversé sous couvert de militantisme intersectionnel ne sont pas des solutions aux problèmes du monde.
« It’s a small world after all
It’s a small, small world »
Du coup, assembler ma liste annuelle fut plus long et compliqué que par le passé.
Trouver mes lectures des prochains mois m’a obligé à écumer des centaines de pages de parutions à venir, pour obtenir une sélection (plus ou moins) satisfaisante.
Donc, ci-dessous, point de militantisme et de bourrage de crâne, de « rééducation » et « d’autocritique », d’accusations en tout genre et de victimisation à outrance.
Pas plus que de bons sentiments artificiels, de gratitude, de culte de la diversité et de faux positivisme (et c’est un cancéreux qui écrit ceci…)
Juste des romans,récits, nouvelles et bandes-dessinées (ainsi qu’une biographie et une nouvelle), avec des histoires, de l’originalité, du style et des heures de lecture pour oublier le monde et ses turpitudes de plus en plus anxiogènes.
Le tout en malheureusement juste 36 titres (quelques – belles – surprises s’ajouteront sûrement d’ici décembre).
Dieu merci pour les littératures de genre et la BD!
En souhaitant que les déceptions soient le moins nombreuses possibles.
NB : en images dans les articles, les livres pour lesquels j’ai le plus d’attentes (ou ceux déjà adorés).
Lecture toute récente. Superbe révélation de la littérature d’horreur contemporaine et définitivement terrifiant, The Book of Accidents est haletant, le style de fort belle tenue et l’imagination de Wendig sans limites (mais alors vraiment aucune). À elle seule, la structure du roman vaut la lecture.
On pense à l’ambiance du Shining de King, à La Ligne Verte, à l’univers de Lovecraft et aux idées complètement délirantes des premiers volumes des Livres de Sang de Clive Barker.
Sans conteste un des (très) grands bouquins de 2021.
Après l’excellent Later en début d’année (à paraître en français cet automne également), voici le plat principal du King cru 2021.
Pas de surnaturel dans Billy Summers, King nous propose ici un thriller. Bien bien hâte!
Un premier roman en forme de suspens culinaire, dont le héros, prodige en cuisine, a été comparé au Jean-Baptiste Grenouille de Süskind en Allemagne. Alléchant.
Né d’un podcast américain du même nom, ce premier roman sur la pop culture et les technologies rétros à le profil d’un futur roman culte, dans la lignée d’un Ready Player One. S’il tient ses promesses, évidemment.
Argument : « What happens in the game, stays in the game. (Ce qui se passe dans le jeu, reste dans le jeu.)»
L’histoire de Shuggie, garçon solitaire, et d’Agnes, sa mère alcoolique, dans le Glasgow pauvre des années Thatcher. Prix Booker 2020.
Le projet littéraire fou de cette rentrée : 1088 pages, réparties en quatre romans et un manga, qui, à travers cinq histoires personnelles toutes liées les unes aux autres, raconte l’évolution de l’humanité jusqu’à l’ère de l’anthropocène. Prometteur mais casse-gueule.
Dans ce nouveau roman de Biz, on retrouve les personnages du jouissif La chaleur des mammifères, aux prises avec l’idéologie woke et la cancel culture universitaire.
Houellebecquien (et Célinien) à n’en pas douter.
Extrait : « On a su que la fosse à purin allait déborder dans le ventilo quand les affiches de la conférence ont été vandalisées à la grandeur du campus. Des inscriptions avaient été barbouillées en rouge sang. Voleur violeur. Nationalisme = nazisme. St-Jean-Raciste. Des drapeaux du Québec dont les fleurs de lys avaient été remplacées par des svatiskas avaient été peints au pochoir. »
Le second livre de l’auteure de The Girls, un recueil de nouvelles cette fois-ci. Toujours traduit par le talentueux Jean Esch.
En dix nouvelles, Cline décortique une galerie de personnages entre perversité, violence et vulnérabilité.
Premier roman de Cooper en dix ans. Le retour de l’enfant prodige des lettres subversives. Enfin, j’espère.
Le Djian 2021, quil faut souhaiter meilleur que l’épouvantable 2030 de l’an dernier…
Les deux premières phrases : « Il savait bien que ça allait se passer de cette manière. Qu’il était allé trop loin. »
Bonheur. La suite du meilleur roman de Eggers, The Circle (2014).
Quand le plus puissant moteur de recherche/média social du monde fusionne avec le site de commerce en ligne dominant, ça donne le monopole le plus riche et dangereux jamais vu : The Every.
Satire et horreur au programme.
Pour faire sa part contre « l’empire du mal », pendant les six premières semaines, le roman de Dave Eggers ne sera disponible que via sa maison d’édition McSweeney’s et les librairies indépendantes américaines. Dans une version reliée avec une variété d’au moins 32 couvertures différentes.
Après le magnifiquement lovecraftien Mexican Gothic paru l’an dernier, Silvia Moreno-Garcia, la nouvelle touche-à-tout mexicano-américaine des littératures de genre (SF, Fantasy, roman gothique) s’attaque ce coup ci au roman noir historique, période 70s. Là aussi, bien hâte!
Parution mondiale du nouveau roman jeunesse de l’auteure des Harry Potter, The Christmas Pig s’annonce comme un délicieux conte de Noël moderne.
Un nouvel ouvrage dans la série mémoriale de Tremblay (Les vues animées, Douze coups de théâtre, Un ange cornu avec des ailes de tôle, etc.) qui rassemble une douzaine de petits et de grands bonheurs musicaux, de Puccini, à Barbara, en passant par Tchaïkovski ou Bach.
Satire acide et contemporaine du milieu des affaires du quartier d’affaires de la Défense à Paris. Probablement corrosif et décapant.
Par contre, l’argument de vente Houellebecquien sur la couverture est un peu putassier, mais bon… À voir.
Un roman (trop?) ambitieux à la David Mitchell, Cloud Cuckoo Land interconnecte les histoires de cinq personnages, de la Constantinople assiégée de 1453 à un vaisseau interstellaire du futur, en passant par l’Idaho d’aujourd’hui. Comme pour le roman de Philipp Weiss, prometteur mais très casse-gueule.
Par le co-auteur de l’excellente trilogie jeunesse Illuminae, un roman de 700 pages apocalypto-gothique qui évoque Le Passage de Cronin et Le Fléau de King.
Avec des vampires. Et le Saint Graal.
Le buzz est plus que bon. Premier volume d’une trilogie.
L’argument de roman le plus alléchant de la rentrée : Rome au temps de César. Metaxas, un philosophe grec, nous raconte dans ses mémoires la lutte impitoyable entre Clodius et Cicéron et la chute de la République romaine.
Une dystopie britannique aux prémices plutôt glauques (à la façon du film Perfect Sense) : soixante ans dans le futur les ressources de la terre s’amenuisent. La solution, Le Sommeil, des périodes d’hibernation imposées à ceux qui ne restent qu’avec un Concierge pour veiller sur les dormeurs.
Le König de la rentrée (et un des trois de l’année), où l’auteur s’attaque à la crise de la cinquantaine. Possiblement un König mineur.
Lucky Luke par Ralf König, voilà une belle promesse que j’ai hâte d’avoir en main!
Résumé officiel (hilarant) : même un héros du Far West a besoin de vacances. Garder quelques vaches helvétiques semble être l’occasion rêvée pour Lucky Luke. Ces vaches laitières délivrent le précieux lait indispensable à la fabrication des authentiques chocolats suisses. L’Ouest découvre le cacao, et le chocolat doit être bientôt dans toutes les bouches. Mais entre les chasseurs d’autographes, le chef de la tribu des Chicorées et deux cow-boys qui préfèrent se taper dessus à force d’amour impossible, il en viendrait presque à regretter les Dalton…
Une préquelle des aventures d’Astérix (l’action se déroule deux ans avant la rencontre d’Idéfix avec Astérix et Obélix dans Le Tour de Gaule d’Astérix). Pour les plus jeunes, mais pas seulement.
Nostalgie. Un récit inédit, suite directe à la dernière aventure imaginée par Go Nagai (avec l’aval de celui-ci). Le graphisme des premières planches dévoilées est tout simplement magnifique.
Cinquième album d’Astérix sans les créateurs originaux. Blockbuster de fin d’année.
King junior nous revient avec une collection d’histoires courtes qui prolongent et explorent la saga de la famille Locke, des champs de batailles de la seconde guerre mondiale aux profondeurs de l’enfer. En attendant World War Key (en 2022?)
Premier volume d’une trilogie post-apocalyptique à la française par le cinéaste qui nous a donné Doberman. Dans l’esprit du Transperceneige.
L’argument : Bruxelles, 2042. Il y a trente ans, le monde que nous connaissons a disparu. Une bactérie a décimé la quasi-intégralité de notre civilisation et la planète ne compte dorénavant plus que 2746 habitants. Ils vivent à la verticale, entassés dans une immense tour, séparés de la mort par un simple double-vitrage et principalement gérés par une curieuse IA nommée Newton.
Voilà une incongruité éditoriale enfin réparée, la publication nord-américaine de la biographie la plus complète et documentée de l’incroyable vie d’Oscar Wilde. Trois ans après la parution britannique (en attendant une éventuelle traduction en français) et trente-quatre ans après la bio de Wilde de référence par Richard Ellmann.
864 pages pour une lecture d’hiver parfaite au coin du feu.
Parce qu’une nouvelle de 29 pages de Margaret Atwood vaut bien plus que la majorité des romans de la rentré.
Un récit semi-autobiographique qui s’inspire du temps passé par l’auteure en Provence.
Disponible exclusivement sur SCRIBD (mais il y a un essai gratuit de 30 jours).
Réédition du désormais classique récit autobiographique d’une des avocates française les plus célèbre du XXe siècle (décédée l’an dernier). Dans la si belle collection L’Imaginaire et sous une magnifique couverture.
Une occasion d’enfin lire ce livre (ce que je me promets depuis la fin des années 80).
Prévue l’an dernier, cette intégrale voit enfin le jour. Superbe objet pour ce chef d’œuvre du neuvième art. Bien plus gore et graphique que la série Netflix (au demeurant très bonne, mais beaucoup plus grand public).
976 pages de pur bonheur.
Autant je n’ai jamais réussi à trouver de grandes qualités à 1984, autant La Ferme des Animaux fait partie de ces classiques personnels lus à l’adolescence et qui m’ont laissé une trace indélébile.
Jolie réédition dans la collection Folio classique de l’édition de Philippe Jaworski (tirée de l’autrement inutile Pléiade Orwell de 2020 – en tout cas inutile pour moi).
À date, un des plus beau roman de l’année, par une des plus belles plumes de la littérature contemporaines. À noter que la traduction est d’Anne Rabinovitch, donc un gage de qualité.
Et, vu que c’est quelque chose de rare à écrire, j’ose : un chef d’œuvre.
Faux polar et vrai petit bijou court du maître (256 pages en VF), Après paraîtra donc sous un visuel peu fidèle au roman (il s’agit d’une variation de la couverture allemande plutôt que la superbe illustration pulp américaine), dans une traduction qu’il faut espérer moins médiocre que certaines atrocités franco-françaises commises chez Albin Michel ces dernières années (en bref, les dix titres de la période Nadine Gassie et Océane Bies).
Un roman graphique monumental et vertigineux qui a pris 35 ans de travail à l’auteur.
Expériences génétiques nazies et monstres intérieurs. Un bijou.
Un des meilleurs romans d’horreur de ces dernières années. Du gothique sale par une des nouvelles voix des littératures de l’imaginaire. Du niveau de The Hunger de Alma Katsu, voir même de The Ruins de Scott Smith.
Parce qu’il faut aussi un peu de légèreté dans les lectures, du pur divertissement hollywoodien avec ce nouveau roman de l’auteur de Seul sur Mars.
Presque 500 pages de SF claustrophobique qui se lisent toutes seules. Avec une délicieuse touche Isaac Asimovienne. Du bonbon (même si le titre français est franchement un peu cucul).
Je l’avoue d’emblée, je ne suis pas fan du personnage public de Franzen et je n’ai lu que des extraits de deux de ses romans.
Mais, l’excellent argument de son nouveau, en plus d’être le premier volume d’une trilogie au titre absolument magnifique (A Key to All Mythologies), la lecture les premières pages et cette superbe couverture m’intriguent au point de me donner le goût de le lire dès sa parution. Comme quoi.
Résumé officiel : It’s December 23, 1971, and the Hildebrandt family is at a crossroads. The patriarch, Russ, the associate pastor of a suburban Chicago church, is poised to break free of a marriage he finds joyless–unless his brilliant and unstable wife, Marion, breaks free of it first. Their eldest child, Clem, is coming home from college afire with moral absolutism, having taken an action that will shatter his father. Clem’s sister, Becky, long the social queen of her high-school class, has veered into the era’s counterculture, while their younger brother Perry, fed up with selling pot to support his drug habit, has firmly resolved to be a better person. Each of the Hildebrandts seeks a freedom that each of the others threatens to complicate.