Sommes-nous en route vers un moyen âge technologique au Canada?

Sommes-nous en route vers un moyen âge technologique au Canada?
Photo by Alexandre Debiève / Unsplash

Le groupe Québécor, par l’entremise de Videotron, a envoyé le 23 février dernier un rapport sur les pratiques de gestion des services internet.
En résumé, d’un côté, Bell réduit l’utilisation du service pour différentes technologies de transfert de donnée (P2P entre autres), de l’autre, Videotron dit vouloir contrôler les échanges de données en haussant leur tarification, pénalisant financièrement les clients qui utilisent leur service.
Aucune des deux solutions ne permettra aux Canadiens de sélectionner un fournisseur adéquat répondant aux enjeux de cette fin de décennie. Les deux solutions sont basées sur une discrimination technologique honteuse et par des tarifications injustes, pénalisant les Canadiens par des enjeux bassement mercantiles.
La technologie offerte par internet est aujourd’hui un bien collectif nécessaire à toute société moderne. Tout comme la technologie de l’impression, la téléphonie, la télévision, pour ne citer qu’eux.
Limité l’accès à internet se résume par une limitation d’accès à nos données, à une limitation d’accès à l’information, à la diffusion de contenu, à l’échange d’idée, d’options.

Limité l’accès à internet limite aussi la possibilité d’utiliser différentes technologies liées au Cloud Computing, la tendance la plus importante du marché selon Gartner et les différentes sociétés technologiques qui étaient présentes lors du dernier DataCenter Conferance de Las Vegas en décembre 2008.
Les services offerts par le Cloud Computing commencent à émerger. Que l’on parle d’espace de stockage détaché de l’aspect matériel de votre ordinateur, de l’utilisation de base de données géographiquement distribuées dans le monde, de synchronisation de données en temps réel, les avancées d’aujourd’hui ne sont qu’un pâle reflet de ce que ces solutions nous apporteront demain.
Dans ce sens, je suis en accord avec le document de Videotron, nous ne pouvons pas prédire ce que sera internet dans l’avenir. Par contre, nous, les professionnels de la technologie, en avons une bonne idée par les actions qui sont posées aujourd’hui.
De ce fait, le Canada rate actuellement le virage économique apporté par la vente de contenu vidéo et audio. Amazon et iTunes Store sont d’ores et déjà les plus grands vendeurs de musique dans le monde, dépassant les vendeurs traditionnels, Wallmart inclus. Ces deux sociétés offrent aux maisons de disque un espace de vente concurrentiel et auront permis à des millions de consommateurs d’acheter des milliards de pièces musicales.
Aujourd’hui, les consommateurs peuvent acheter des épisodes de séries télévisées et des films directement de leur téléviseur ou de leur ordinateur. Évidemment, ce contenu est plus lourd qu’une simple page texte affichée dans un navigateur et c’est là un des enjeux actuels de nos fournisseurs de service internet.
Le P2P n’est pas une technologie illégale, c’est une technologie d’échange de donnée. Cette technologie permet d’envoyer plusieurs segments de données par différentes sources en contrôlant leurs exactitudes, de la source à l’arrivée, garantissant ainsi la fiabilité des données.
Je suis d’accord pour dire que les échanges utilisant le P2P sont souvent reliés à l’échange de fichiers vidéo de gros volume. Mais il faut aussi considérer l’échange de fichiers d’autres natures telles que les DVD d’installation de Linux en distribution libre.
Mettre fin au P2P reviendrait à mettre fin à une technologie qui permet de dépasser les limitations d’une utilisation client-serveur basée sur un modèle qui date du début des années 70.
Il faudrait plutôt prendre exemple sur Verizon aux États-Unis qui travaille actuellement sur l’élaboration d’une technologie appelée P4P qui optimise le P2P et libère le fournisseur internet d’une partie de sa charge.
Vidéotron et Bell préfèrent la limitation et la punition. On nous propose même un modèle de riposte graduée, où après trois avertissements un citoyen canadien se voit interdit l’utilisation d’internet. Les fournisseurs internet deviendraient-ils alors juges et bourreaux? Sommes-nous en route vers un moyen âge technologique au Canada?