Depuis le succès commercial et artistique sans précédent de la série Harry Potter, tout le monde cherche l’hypothétique remplaçant qui pourrait s’avérer devenir le nouveau Saint Graal de la littérature fantastique jeunesse : une série à la fois crédible littérairement et commercialement parlant, une série qui rende accro au dernier degré ses lecteurs et (pour les maisons d’édition) qui puisse devenir une franchise solide (lire un jackpot financier avec contrat hollywoodien à la clé).
Ça fait maintenant un petit bout de temps qu’on nous vend moult titres comme LE nouveau Potter. On a d’ailleurs eu droit à a peu près tout, de la sublime trilogie de Philip Pullman (His Dark Materials) jusqu’à la tendance « Bit Lit » lancée par Stéphanie Meyer et sa tétralogie de vampires mor(m)ons abstinents (Stephen King résume d’ailleurs bien mieux que moi ce que vaux Twilight : « Stephenie Meyer can’t write worth a darn. She’s not very good. »)
Il pleut donc de nouvelles séries jeunesse comme vache qui pisse, des copies de copies (Artemis Fowl, Septimus Heap), des créations un peu plus originales (Molly Moon, Spiderwick, Bartimaeus), des trucs merdeux (Eragon) d’autres so-so (A Series of Unfortunate Events, Peggy Sue), voir des rééditions que l’on fait passer pour des nouveautés (Narnia).
Dans le très très bon nous avons eu Silvana De Mari (Le Dernier Elfe), qui flirte énormément avec une certaine fantasy adulte, l’australien Garth Nix et sa série Old Kingdom (un chouia trop adulte aussi) ou encore Abarat de Clive Barker.
Et là, enfin, alors que je ne m’y attendais plus, PAF ! Le coup de foudre total, Gone de Michael Grant.
Résumé de l’éditeur : IMAGINEZ…
En plein cours d’histoire, ils sont en train de prendre des notes quand tout à coup… plus de professeur ! Affolés, ils sortent de classe et se rendent compte qu’il n’y a plus aucun adulte. Comme s’ils étaient évaporés. En fait, tous les êtres humains de plus de 15 ans ont disparu. Plus incroyable encore, ceux qui restent développent des super-pouvoirs mais ils ne parviennent pas encore à les maîtriser… Cette aventure extraordinaire est arrivée à Sam, 14 ans, et tous les enfants de la petite ville californienne de Perdido. Passé la première période d’euphorie, les enfants doivent maintenant s’organiser pour survivre. Qui va s’occuper des bébés et des malades ? Comment trouver de la nourriture ? Autant de questions vitales à résoudre en urgence ! Sam devient malgré lui l’un des responsables de l’organisation mais, bien vite, il va devoir affronter d’autres chefs de bandes, aux idées beaucoup plus sombres…
Un roman américain qui plus est, et sachant que nos voisins du sud sont loin d’être les plus doués en littérature jeunesse (disons qu’ils font plus dans la quantité que la qualité) c’est une double surprise.
Gone est sorti il y a tout juste un an (en anglais), et arrive en français chez nous début juin. 600 pages de pur bonheur, un page turner qui n’a rien à envier aux best-sellers façon King ou Crichton. Un rythme endiablé dès la première page qui va en accélérant au fil des chapitres. Des personnages en trois dimensions répartis de façon aussi harmonieuse que chez Rowling, mais, et c’est là le point fort, des méchants d’un haïssable tel qu’on tremble de rage en lisant le bouquin. Odieux, violents, vicieux, et en même temps totalement logiques et crédibles. La méchanceté enfantine sublimée et amplifiée donne ici une trame dramatique de premier cru. Les enfants sont méchants dans Gone, très très méchants.
Le style est lui aussi au rendez-vous, ce qui, allié à un bon rythme constant (voir progressif), donne une lecture impossible à arrêter (j’ai même ratée ma station de métro à cause de la finale – fin d’ailleurs digne d’un blockbuster d’été à méga budget). Les pages filent à une vitesse effarante. Et on veut toujours plus ! Comme avec un certain sorcier…
Au final un roman brillant et jouissif, habile mélange de Sa majesté des mouches et du Fléau (de King) avec juste un soupçon de Heroes (saison 1 of course).
Le second volume de la série (qui en comprendra six !) sort (en anglais) le 26 mai prochain, fera lui aussi dans les 600 pages et s’intitule Hunger.
L’attente, même si la sortie est juste dans une dizaine de jours, est insupportable ! Et, ça aussi, ca me rappelle bien des choses…
À noter les fabuleuses couvertures US (les VF auront d’ailleurs les mêmes), à la fois mystérieuses et totalement représentatives de ce qui se cache dessous.
Une lecture chaudement recommandée pour votre été. Mais attention, on devient vite accro à Sam, Astrid et les autres !
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